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Dernières nouvelles des Éditions Antisociales |
Depuis juin 2023, le Bureau des Éditions Antisociales n’a plus été en capacité de se réunir au complet, et n’a pas non plus été renouvelé. De fait, le « groupe affinitaire » dont nous parlions dans notre Présentation de janvier 2005 n’existe plus en tant que tel, et il ne reste plus à sa « branche communication » que nous formions qu’à le faire savoir à notre public, qui soupçonne déjà la vérité du fait de notre long silence, et qui l’a toujours exigée de nous en particulier. Si le détail des raisons de cette dispersion relève de l’intimité, nous pouvons néanmoins observer qu’aucun désaccord d’analyse politique n’en fut la cause, ni le prétexte, ni le véhicule : nul d’entre nous n’ayant jamais exprimé le moindre doute relatif à l’intérêt et au sérieux de la production des Éditions Antisociales, considérée comme un tout aussi bien qu’en détail. Ce qui ne faisait consensus nulle part fit toujours consensus parmi nous, après partage de documentation et discussion plus ou moins approfondie. Nos défauts furent bien plus banals : ce qui nous manquait toujours plus ou moins, c’était le bon usage du temps, de l’argent, et l’endurance au travail : autant de qualités que toute l’organisation de la société vise à étouffer et réprimer, y compris – c’est un comble – dans les milieux rebelles à l’autorité et réfractaires au salariat.
Officiellement, nous n’avons toujours pas fermé boutique : notre vitrine Internet est intacte, et sauf mention contraire, toutes les publications des Éditions Antisociales restent disponibles. Mais rien ne sera plus publié sous la marque «.Éditions Antisociales », qui restera la marque d’une époque, celle des années 2000 et 2010 – époque de troubles s’il en fut, que nous avons contribué à troubler plus, en raisonnant, en protestant, en revendiquant : ce qu’il fallait faire, en somme. Ces années-là furent notamment celles de l’irruption des premiers « réseaux sociaux » numériques, dont nous avons su faire le meilleur emploi (cf. Chronique de Youv derrière les barreaux et Sous le feu des snipers, la révolution de la vie quotidienne) ; mais elles furent avant tout celles du retour des révolutions, qu’on disait mortes et enterrées avec le mythe messianique du communisme. Rien ne fut plus important.
La « théorie révolutionnaire » la plus moderne, qui prophétisait « l’insurrection » pour l’insurrection, ou plutôt pour réenchanter l’existence d’intellectuels en manque d’aventure, en leur offrant la pure illusion de former l’état-major du mouvement de masse, était moins utilisable encore que les doctrines émoussées du siècle dernier. Il fallait donc revenir aux fondamentaux, soit une fois de plus recourir à la théorie politique la plus classique, qui au-delà ou en-deçà de toute fioriture religieuse ou idéologique, ne distingue qu’entre partisans du pouvoir d’un seul, partisans du pouvoir d’une minorité et partisans du pouvoir du plus grand nombre. Les foules insurgées, prétendues irrationnelles, font avec les concepts des anciens Grecs, quand elles luttent pour la chute du tyran, le partage des richesses des oligarques, ou tout simplement plus de démocratie. Pour les modernes indécrottables, c’est peut-être une dangereuse régression ; à d’autres, cela paraîtra une renaissance ; c’est, en tout cas, un événement contemporain, produit de la redéfinition autoritaire de la démocratie comme règne de la liberté – qui devait entraver l’expression de la critique sociale fondée sur l’opposition de la démocratie ouvrière en germe à la démocratie bourgeoise établie. Mais les mots pour dire cette opposition ont beau avoir été changés, la chose reste, et le vieux langage de l’ennemi peut suffire à préciser notre programme minimum : « Eh bien ! à mon avis, la démocratie apparaît lorsque les pauvres, ayant remporté la victoire sur les riches, massacrent les uns, bannissent les autres, et partagent égalItairement avec ceux qui restent le gouvernement et les charges publiques ; et le plus souvent ces charges sont tirées au sort. » (Platon, La République, VIII/557a)
La singularité des Éditions Antisociales a été de percevoir ce processus à l’œuvre à ses débuts, non pour tenter d’en tirer gloire ou profit mais pour le soutenir et y participer. Elles furent un rare carrefour de réflexions où se forgea progressivement la prise de conscience de ce réveil des masses à la politique, gros de révolutions et de guerres civiles. Nos pistes s’y croisèrent avec bonheur ; chacun·e suivant librement la sienne, elles ont fini par s’éloigner.
(Janvier 2025)
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Qui sommes-nous? Où allons-nous? |
Les Éditions Antisociales sont une association loi 1901 qui s'est fixé pour but « la fabrication et la diffusion d'œuvres de toute nature (livres, brochures, films, tracts, affiches...) intéressant la critique radicale du capitalisme ».
Cette définition légale ne doit amener personne à nous confondre avec une maison d'édition, fût-elle « contestataire » et « non marchande », qui serait par définition ouverte à tous les auteurs « anticapitalistes » : nous n'avons en effet ni l'envie, ni les moyens d'un tel engagement.
Que l'on considère donc les Éditions Antisociales pour ce qu'elles sont, à savoir - pour parler moderne - la « branche communication » d'un « groupe affinitaire », lui-même informel, évolutif, produit autant que producteur de sa propre activité.
Nous sommes partisans de la généralisation de ce genre d'activité autonome, et encourageons de ce fait chacun à trouver, inventer, sinon arracher les moyens de sa propre communication. Autrement dit, que ceux qui le peuvent s'auto-éditent et s'auto-diffusent. À partir de là seulement pourront naître d'authentiques réseaux « horizontaux », non hiérarchisés et non centralisés, donc aussi «sécurisés». Seule la contestation ainsi auto-organisée saura affronter |
efficacement la barbarie totalitaire qui s'annonce partout, pour la vaincre.
Quant aux autres, les isolés, les parias, qu'ils n'hésitent pas à nous contacter, s'ils pensent que nous avons des moyens qu'ils n'ont pas. Nous sommes ouverts à tous les projets, pourvu qu'ils s'inscrivent dans notre démarche générale : la rébellion contre le système social, le refus de tout confort mental, la pratique de l'agitation et un certain goût pour le risque expérimental...
NIQUE LE CONSENSUS !
(Janvier 2005) |
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FLAT-BOX Lab. Design, Php, Architecture / V2.0 - 2019 |
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